jeudi 20 mars 2008

Nico, L'Interview ...



Votre serviteur se retrouve dans le rôle d'interviewé dans l'exquis "Des Oreilles Dans Babylone". Vous pouvez retrouver les douze Questions / Réponses, en cliquant ici.
Voici, pour les irréductibles le contenu de l'interview:

Comme on l’entend ici ou là, le cd est-il vraiment mort ?

Non, le CD n’est pas mort... Il n’est plus le format musical en vogue qu’il était, c’est tout, et c’est énorme... Le vinyle revient à la mode, le fichier MP3 et sa ribambelle de lecteurs ont pris la place du podium remplaçant les baladeurs ronds et leurs galettes argentées. Aujourd’hui les produits musicaux de masse sont téléchargés (illégalement pour une majeure partie, légalement pour ceux qui souhaitent avoir un fichier sonore de qualité). Ils ne sont donc plus achetés chez un disquaire traditionnel. À moins que celui-ci propose des prix abordables. C’est-à-dire inférieurs ou égaux à ceux pratiqués par les plateformes de téléchargement.

Quelle est la place du vinyle chez le disquaire en 2008 ?

Chez O’CD, le vinyle n’a pas sa place. C’est un choix, une direction qui paraît plus cohérente avec le marché de l’occasion. Les vinyles n’ont pas la résistance physique d’un CD qui possède une couche de protection matérielle. Chez les autres disquaires, l’attrait du format, l’aspect ludique revient très à la mode profilant une nouvelle clientèle pour les galettes noires.

Le web est-il une menace ou un outil pour les disquaires ?

Pour ma part, je pense que le web est un outil indispensable. Il permet à tout passionné de débattre, découvrir et d’élargir son monde musical. Un disquaire est là pour conseiller, diriger un client potentiel vers un artiste qui manque de lisibilité médiatique. Le web peut aider le disquaire à poursuivre sa mission d’éducation musicale.

Les labels ont des stores sur leur web. Une concurrence ?

Nous vivons une période sacrément troublée. Tout le monde est touché. Les labels (indés) ont pris en pleine claque le manque de lucidité des majors concernant le net et le fichier MP3. Et cela malgré les avertissements des créateurs du MP3 et conseillers techniques en tout genre. Ce manque de vigilance a donné naissance à Napster et à de nombreux logiciels Peer To Peer. Pendant tout ce temps, les labels n’ont pas voulu revoir leurs marges à la baisse. Ce n’est que très récemment que l’on trouve des prix cassés sur des références de qualité, dans les bacs de disquaires. Entre temps, et pendant que les consommateurs se réfugiaient derrière leur connexion haut débit, des tas de disquaires indépendants voyant leur chiffre d’affaire dégringoler, leur marge fondre, ne pouvant plus assurer les charges fixes, ont fermé boutique. Une situation ridicule et irrespectueuse dont les seuls responsables sont les majors qui n’ont pas voulu réajuster leur politique commerciale pour ne pas stopper la clientèle des disquaires.

Le téléchargement : un bien ou un mal ?


Il existe donc deux types de téléchargements, le légal et l’illégal. Le légal se fait via des magasins en ligne qui sont souvent associés à un type de fichier compatible à un lecteur spécifique (Apple, son Itunes Music Store et son Ipod). Ces fichiers sont verrouillés pour ne pas propager les achats sur des réseaux Peer To Peer. On appelle ces verrous, des DRM.
L’illégal se présente sous forme de réseau qui se crée en téléchargeant un logiciel qui permet de piocher à droite et à gauche des fichiers se trouvant dans les disques durs des membres du réseau. Je considère le téléchargement comme un atout pour les artistes en manque de lisibilité. Malheureusement, les analyses qui sont faites montrent bien que les fichiers téléchargés sont les blockbusters qui tournent en boucle chez les FM et dans les chaînes audiovisuelles dites "musicales".
L’outil, le support numérique n’a pas encore trouvé le moyen de s’emparer de la vocation du disquaire. L’éducation musicale, l’ouverture vers des artistes de talents souvent mis sur le bas-côté de l’aspect commercial de la musique.


Myspace, Youtube, Facebook… t’en penses quoi ?

Ces sites sont, encore une fois, des outils. Ils sont souvent mieux utilisés que le Peer To Peer. Je citerai dans le même genre Deezer ou Last.fm.

Comment fait un disquaire pour se renouveler en 2008 ?

C’est là toute la question. Ce n’est pas tant sa fonction qui doit changer mais la forme qu’elle doit prendre. Une question qui reste encore sans réponse claire. Plusieurs tentatives ont été menées de par le monde, mais aucune n’a suffisamment de recul pour pouvoir être la recette miracle, si tenté qu’il y en ait une.

Est-il difficile d’être disquaire en 2008 ?

Avec une concurrence comme les grandes chaînes qui ont des deals privilégiés avec les fournisseurs que sont les majors. Avec des difficultés que rencontrent les labels indépendants. Avec une direction artistique qui perd de sa valeur en se polissant trop souvent pour être rentable en perdant le côté expérimental. Le métier de disquaire n’est pas facile.Ajouter la tornade mal domptée qu’est le haut débit et tous les outils que le web propose sans que l’on sache prendre le temps de les utiliser pour s’ouvrir vers de l’artistique, je peux dire qu’être disquaire comme on l’imaginait il y a encore dix ans, c’est devenu impossible.

Où trouves-tu tes nouvelles inspirations musicales ?

Je lis une foule de bios, des magazines spécialisés, je me balade sur des sites, des pages Myspace. Et je parcours de nombreux forums de discussion sur le web. Toutes ces informations, je les regroupe, les digère et j’en fais ma propre synthèse pour pouvoir les distiller auprès de ma clientèle.

La musique est-elle moins bonne qu’avant ?

La musique a toujours eu deux vocations. La première est artistique, la seconde s’assimile à de la distraction. Le côté distraction ludique est véhiculé par les FM et par les chaînes dites "musicales". Les titres sont souvent de bonnes grosses productions au son compressé. Ces titres sont plus étudiés pour être des sonneries de portables que pour être une œuvre artistique. Ce sont des titres à durée de vie minimale, à l’effet de mode de très courte durée, laissant leurs places au prochain wagon de hits. D’ailleurs on ne parle plus de Top 50, mais des Tops Sonneries. De l’autre côté, il y a l’aspect artistique. C’est un aspect de moins en moins médiatisé. Pas assez vendeur, moins rentable car moins facile à l’écoute. Ce sont des titres qui demandent à l’auditeur de l’effort, de la réécoute, une assimilation du monde créé par l’artiste.L’effort étant en perte de vitesse dans notre société hyper consommatrice, il est donc regrettable de constater que cette vocation louable, qui fait avancer la musique assimilée à une forme artistique, soit en si mauvaise posture.

Quelle est ta playlist du moment ?


Il suffit à tout lecteur de se pencher sur mon site Muzik In Mars pour découvrir mes coups de cœurs et conseils musicaux en tout genre. C’est, un outil que j’utilise pour aller plus loin dans ma démarche de conseil face à ma clientèle de plus en plus avide de connaître autre chose que les dix singles qu’ils écoutent en long et en travers en allumant la FM.

Un message particulier à faire passer ?

La musique est une passion, elle demande du temps, de l’effort. Elle demande aussi aux auditeurs le sens du courage, de la recherche, de l’initiative d’écoute et de l’engagement culturel. Elle a pour vocation de distraire mais aussi d’instruire. Pour finir, je me permettrai de rappeler le gimmick de la page Myspace de l’émission de radio que j’anime, Muzik In Mars Say Yeah !!! , la Musique est un art qui n’a de valeur que dans son partage…