lundi 16 juin 2008

Viva La Vida Or Death And All His Friends



Un tel évènement ne se loupe pas. Il a fallu me faire sortir de mon lit d'après un long week-end mouvementé. Je me suis donc dégoté une version de ce quatrième opus signé par les quatre de Coldplay. Ecouter attentivement pour enfin fournir la chronique de ce "Viva La Vida".
Un album réalisé par Brian Eno, le chef de rang de la musique ambiante et l'un des producteurs du jackpot musical de ces vingts dernières années (U2, pour les étourdis). Un opus aussi mis en son par Markus Dravs, moins connu mais tout aussi redoutable pour le travail qu'il a effectué sur le dernier Arcade Fire. Il y a un peu plus d'un an, les rumeurs de la machine Timbaland coproduisant le prochain Coldplay avait mis un peu d'inquiétude dans mon verre rempli d'attente longue et parfois ennuyeuse de l'album que je tiens, aujourd'hui, entre mes mains. Car je l'ai ce digipack contenant le quatrième album de Coldplay, avec sa pochette sur laquelle la toile de Delacroix a été taguée en blanc d'un "Viva La Vida" empreinté à une autre artiste peintre tout aussi révolutionnaire, Frida Kahlo.
L'enquête sur le titre et la valeur symbolique de cette pochette n'échappe pas à votre fournisseur de son en tout genre. Le résultat du mélange Delacroix/Kahlo est la recette que vont utiliser les protagonistes durant ces dix plages musicales. Un mélange tonitruant au son spatial, aux mélodies accrocheuses sans être racoleuses, aux rythmiques moins évidentes que celles que l'on pouvait retrouver sur les trois premières galettes de la bande à Chris Martin. Même lui a changé, sa voix est porteuse d'une note différente, moins mielleuse diront les récalcitrants, moins pop et plus expérimentale pour mon approche personnelle.
Il est certain que les prestations amèneront un effet que l'album aura du mal à fournir si, comme la plupart des français, vous écoutez cette galette sur votre petite chaine HIFI a un volume acceptable pour votre voisinage. Mais, et c'est là mon conseil de professionnel, ne soyez pas modérés, soyez déraisonnables, boostez cet ampli qui réclame corps et âmes que vous dépassiez la barre mentale mais indispensable du 5... Allez, un petit effort, vous y êtes, 6, 7, 8, 9 ... OUI !!!
Et là vous comprenez pourquoi deux producteurs de talents valent mieux qu'un, pourquoi ces deux noms de la mise en son ont risqué leurs réputations pour faire éclore un nouveau Coldplay, certainement plus acceptable pour les hermétiques des "Scientist" et autre "Yellow"...



Pour les inconditionnels, trois dates françaises ont été annoncées, le premier Septembre à Strasbourg, le 4 à Lyon et le 9 à Paris.

Coldplay : Cemeteries Of London

I Used To Be Alright ...



Je n'ai plus de voix, je ne sais pas par quoi commencer, je reviens d'un rêve éveillé, et tout semble ne pas vouloir redevenir comme avant. Comme le dit mon si beau tee-shirt, "I Used To Be Alright, What Happened ?". Ce qui s'est passé, c'est un arrêt du temps conventionnel. Les aiguilles sont devenues immobiles le temps de deux soirées mémorables dans les arènes de Nîmes.
Radiohead foule, à nouveau, le sol de ce lieu devenu mythique pour les amoureux des mélodies chamboulées de Thom York et de ses quatre amis d'enfance qui l'accompagnent sur scène.
Vous dire qu'il fallait assister aux deux prestations me parait être trop évident tellement les signes annonciateurs étaient nombreux. Nîmes, le désir de faire le tour du compteur Radiohead, la volonté de marquer les esprits. Tout était là pour que cet instant soit unique, et il le fût.
Je vais donc vous compter ce rêve musical qui commence donc le jour de mes 35 ans.
Nîmes, 14 Juin 2008, 18h30, la foule devant l'entrée de l'arène est compacte, impatiente, hystérique. Les portes s'ouvrent et à peine installés, nous découvrons une scène démesurée qui nous révèlera bien des surprises.
Après une première partie charmante assurée par la très fluo Bat For Lashes, la tension monte lorsque se déploient des longs néons blancs qui envahissent littéralement la scène.
Le noir se fait, une boucle rythmique synthétique résonne dans l'enceinte nîmoise, les cinq musiciens apparaissent.



PART 1 Radiohead à Nîmes Première Prise
Nous aurons droit à six titres du sublime dernier album, "In Rainbows". La set-list est en dent de scie, passant d'un titre énervé à une comptine musicale. Et nous voguons sur l'océan agité mais mené de mains de maitres par les extra-terrestres oxfordiens. Ajouter à ces six titres, "Pyramid Song", "Everything In Its Right Place", "There there" et vous aurez les neufs compositions qui seront les pièces du puzzle communes aux deux offices du soir Radioheadiens. Pour le reste, les set-lists seront tout simplement différentes.
Le son est monumental, d'une précision ultime, une parfaite cohésion entre des ultras basses qui ne bavent pas et des aigues percutants qui ne vrillent à aucun moment les oreilles. La lumière est dantesque, les effets avec les leds en forme de néon rendent divinement bien, l'écran sur lequel sont projetées les images des cinq musiciens semble être l'écran de contrôle de la flotte.
Mais parlons des titres de cette première soirée. Il y en aura donc des surprises avec des "No Surprises" par-ci, des "Karma Police" par là, en passant par un grand "Planet Telex" qui ouvre le deuxième opus de la formation. Et puis il y eut ces deux rappels durant lesquels nous priâmes d'un seul homme lorsque les premiers accords de "Talk Show Host" retentirent dans l'arène. Thom York fut surement pris d'un spasme jouissif et perdit le fil des paroles ce qui l'amena à reprendre le titre du début. Un titre qui amena une explosion incommensurable dans le public. Cette explosion donna suite, dans un dixième de seconde, à un silence respectueux quand retentit le "Exit Music (For a Film)". Nous passions de la folie amoureuse au deuil d'un Roméo découvrant sa Juliette empoisonnée. Deux heures et quinze minutes de plaisir partagé entre un public conquis et un groupe unique mené par la voix la plus artistiquement aboutie depuis des dizaines d'années. Mais ce n'était qu'un début, qu'une mise en bouche. Il y avait une suite à cette soirée et c'est là que la situation est "juste" magnifique.



PART 2 : Radiohead réécrit son histoire
Nîmes, Dimanche 15 Juin 2008, 18h00.
Le ciel est lourd, il pluviote, le soleil ne perce plus depuis quelques heures. le son de la première partie est brouillon, plus fort que la veille. Mon expérience d'ancien sonorisateur me fait penser que Radiohead risque d'essuyer les plâtres pendant leurs deux premiers titres. Ça ne loupe pas, l'entrée est fracassante avec un son qui part dans tous les sens, le public est heureux mais perplexe. Cette sensation disparaitra avec un "All I Need" qui pose l'ambiance pour de bon. Le son redevient grandiose. Le groupe est à nouveau maitre à bord. La folie habite Jonny Greenwood qui a repris la vigueur dans son jeux moins certain la veille. Les neuf titres en commun avec la première soirée s'intercale avec toute une série de compositions ressorties des placards. Je vais donc rendre folle furieuse la jeune demoiselle qui avait ses impératifs parisiens, il y eut "Paranoïd Andoïd", "Just", "Flake Plastic Trees", "Airbag", et un "You And Whose Army ?" pour lequel Thom York au piano s'amusa à nous faire de longs clins d'œil avec sa caméra.
"What Happened ?"... Le rêve n'a pas de fin... J'ai ces images dans ma tête... J'ai les titres qui s'enchainent... J'ai ce titre qui ouvre notre émission de Février, la spéciale Radiohead, qui fut jouer les deux soirs en deuxième rappel avec Thom York jouant de sa mini batterie comme un gamin prenant un plaisir juvénile certain.
Alors, doucement, le retour au quotidien va revenir et nous replonger dans d'autres univers sonores. Mais pour sûr, cette formation fut, est, et restera l'une de mes préférée.