dimanche 22 juin 2008

Bat For Lashes : Fur And Gold



Je suis en cure de desintoxe de "Radiohead". Je suis devenu un incurable qui a, selon ses proches, fait une sur-dose de Thom York. À la campagne, à tenter d’aller le plus loin sous l’eau en marchant, sans un gramme d’air dans le corps, un lendemain de fete de musique dans un silence salvateur.
Et me revoici réapparaitre tel un nouvel homme, sevré de toute dose radioheadienne.
Il y a quelque dose de substitution en écoutant une reprise de "Just" du talentueux Mark Robinson. Mais il y a surtout cette perverse excitation à l’écoute de l’opus de la très bouleversante Bat For Lashes. Pervers, car la demoiselle a ouvert le bal des deux représentations nîmoises du groupe qui m’a ensorcelé, Radiohead. Du coup à chaque écoute, je m’attends à revoir surgir, en pleine campagne, les cinq dealers de sons oxfordiens, Radiohead. Mais alors, cet opus ne serait qu’un jeu pervers de celui qui se frustre en replongeant inexorablement, corps, âmes et oreilles sur ce phare brillant qui éclaire de sa lumière la funeste tempête musicale. Ce phare qui porte le nom obsédant, Radiohead. Non je ne suis pas devenu mono maniaque... Non, je ne l’étais pas avant... Mais ce n’est pas évident de revenir indemne de deux soirs de concerts de ce foutu putain de groupe, Radiohead. Quant à ceux qui commenceraient à comprendre que je ne finirai plus mes phrases qu’avec le nom de Radiohead, ils ont du souci, eux aussi, à se faire, Radiohead...
Je suis donc à la campagne. J’ai vidé mon Ipod de sa source d’énergie. Je n’ai pas pris de chargeur. Mon portable à son dossier I Tunes Music, empty. J’ai pris une tonne de disques. Une collection sans aucun Radiohead. Le sevrage, je vous dis…
Je commence par le Bat For Lashes pour aller de plus en plus loin de mon obsession. Certes, le "Viva La Vida" de Coldplay m’a aidé à sortir du cap de la set-list exclusive, mais je sens que je suis proche de la rechute…
"Fur And Gold" sonne comme une collection de beauté entreposée dans une salle des coffres qu’une exploratrice aurait découverte lors d’un périple sonore durant lequel elle aurait emmené tambourin, harpe, clavecin et cordes délurées. Et même si on imagine Bjork avoir foulé la salle sur certains de ses premiers opus, on reprend du plaisir à se laisser bercer par ces mélodies et arrangements qui apaisent mais qui savent retenir une tension dramatique toute particulière. La voix est la machine à vapeur de cette locomotive aux couleurs vives et aux maquillages exubérants. Cette voix est enfantine, plongée dans une reverb au longues traines vaporeuses. La rythmique est en parfaite complémentarité, parfois énervée, souvent à contre-emploi. Et c’est là toute la clef de la réussite de cette galette. On imagine des elfes en perfecto, des licornes avec des ailes déployées vers les frontières de l'enfer, des griffons aux voix d’anges qui hurleraient des paroles obscènes. Voilà l’univers de Natasha, la chef d’orchestre de cette incandescente machine à rouler. Une seule déception, j’ai beau attendre après les onze titres de l’album, il n’y a pas la loupe de sons qui annonce l’arrivée de Radiohead. C’est grave Docteur ?



Le Site Officiel: www.batforlashes.com
La Page Myspace: www.myspace.com/batforlashes