jeudi 31 juillet 2008

Jackson C Franck : Blues Run The Game



Peu commune l'histoire de cet homme, qui dès son enfance a connu l'enfer semé de moments miraculeux. Ou comprendre d'où vient cet ovni musical qui en un album enregistré en trois heures et produit par Paul Simon en 1965 a permis de dévoiler ce qui allait devenir la vague folk des années 70...
C'est que ce musicien a connu l'horreur de voir ses camarades périr dans un incendie dans sa classe de musique alors qu'il n'avait que six ans. Hospitalisé pendant plus de six mois, on lui offrit sa première guitare. Rapidement, il apprendra à maitriser l'instrument. A l’age de treize ans sa mère l’emmène à Graceland avec l'idée de lui faire rencontrer Elvis Presley. Miracle, la rencontre a lieu. Le King serre la main du jeune garçon et l’invite dans sa propriété. Pour Jackson c’est une révélation comme s’il rencontrait le messie. Il décide d'être musicien ce jour là. Un miracle n'arrivant jamais seul, c'est à seize ans qu'il apprend que 1000.000 $ de dommages-intérêts lui ont été versé sur son compte, suite à l’incendie de sa classe. Après un passage au Canada, il décide de traverser l'océan pour se rendre à Londres. Très vite il tombe sur le bouillonnant torrent musical anglais. Durant cette période, il écrit ce qui sera son premier opus. Un soir, il fait écouter sa musique à Paul Simon qui reste médusé par le talent du songwritter. Il pressent le nouveau Bob Dylan et décide de bloquer les studios CBS pour produire ce qui sera l'unique album de Jackson C Franck. Le musicien est extrêmement timide et demande à placer des écrans pour qu'il se dissimule pendant ses prises de voix. L'album sort mais ne rencontre pas le succès commercial escompté. Jackson a claqué la grande partie de son pécule en achetant des voitures. Le vide, la dépression seront au rendez-vous. Il rentre aux États Unis sans un sous, sans plus aucune inspiration pour un second volume de moins en moins hypothétique. Il sera retrouvé SDF quelques années plus tard. Entre temps, il aura perdu un œil suite à une agression par balle. Il décèdera en 1999, muni de sa guitare qu'il s'était offert dans sa jeunesse...
Cette tragique histoire, on peut en sentir la fragilité, le côté touchant dans ce premier et unique album. Une voix avec peu de puissance, celle d'un blanc chantant un blues de noir d'une manière tout à fait nouvelle, qui laisse l'auditeur dans une béatitude, touché par la beauté des titres.

Jackson C Franck : Blues Run The Game


La Page Myspace: www.myspace.com/jacksoncfrank

Gonzales : Soft Power



Nombreuses sont les chroniques de "Soft Power" qui associent le travail de Gonzales à un contre pied face aux attentes d'un public avide de surprises. Certains s'amusent à le singer en clown, celui qui exagèrerait ses défauts pour rendre sa musique au précipice du kitch, sans jamais y tomber. Ce que je ressens à l'écoute de ce chef d'œuvre musical est pourtant éloigné de toutes ces faciles interprétations. Car, certes l'artiste bénéficie d'un budget pharaonique, certes ses guests incarnent la hype-attitude dont lui-même en est l'un des principaux gourous. Mais sa musique est authentique, elle n'a pas la volonté du décalage pour le décalage. Et si Gonzales propose des titres que l'on associerait à une époque désuée et volontairement reproduite à l'identique ("Lest' Ride" est un fabuleux hommage à cette époque révolue), c'est certainement que le musicien voue à ce son une certaine mélancolie, voir une admiration démesurée... Pour preuve cette liste des gagnants des Grammy Awards de l'an 1978 qui trône en première page du livret. Gonzales ne se singe donc pas, et pour détruire cette théorie, il suffit de lire les textes qui habitent les musiques. Non, ce musicien aime cette musique, ce son surproduit et qui, accolé à une naïveté toute juvénile rend l'opus touchant. On pourrait le voir portant le masque de la prétention, mais ce serait, une fois de plus, une erreur. Car l'homme en entrant dans son projet musical n'a de choix que de se fondre dedans et de n'en sortir que lorsqu'il passera au suivant. il est maitre à bord comme Napoléon, dont il porte l'uniforme. Il est le capitaine du navire qui vogue et, ce malgré les vagues et leurs remouds.



Le "Soft Power" c'est tout ça et en mode disco, c'est encore mieux...

Gonzales : Let's Ride