dimanche 4 mai 2008

Portishead : Third



Allez donc savoir ce qui peut vous tomber sur la tête un Dimanche matin en plein marché dans un village provençal. Pouvions nous prévoir ce qui se passerait en appuyant sur la touche Play du lecteur lorsque le troisième opus du combo bristolien fut inséré ?
Non .
Certainement Pas.
Même le "Machin Gun" était une ruse, un indice auquel on avait dès son écoute portait trop d'intérêt. Cet album n'est pas un album de Portishead. Cet album est l'album de Portishead version "dix ans dans les dents". Il est l'album de Portishead le plus sombre, le moins lisible, le moins évident, et donc le plus formidable car porté par la vision de ces musiciens qui se croisèrent dans les bureaux livides de l'ANPE anglaise.
Ce disque est , comme tout opus qui clôture une trilogie, le plus personnel.
Dix ans de mutisme pour accoucher de ce chamboulement sonore, loin des rythmes en sourdines qui habitaient les deux premières galettes. On empreinte les codes mais on détruit la route qui mène à l'évidence. Que c'est osé, que c'est gonflé, et que c'est réussi !!!
Les mélodies sont toujours aussi peu faciles, mais tellement accrocheuses. Des mélodies déguisées en arracheuses de dents sans anesthésies générales.
Dans les années 90, nous écoutions Portishead en nous disant que leur musique était sombre et que notre monde semblait tout de même bien plus lumineux. Aujourd'hui, à l'écoute de cette obscure et dramatique musicalité, nous ne pouvons même plus nous raccrocher à l'euphorie de notre pauvre monde. Mais alors, après avoir anticipé notre avenir, Portishead serait devenu la bande originale de notre planète malade ?
"Third" n'est pas à prescrire à un dépressif. Le soleil doit être de la partie pour une première écoute. Dans le cas contraire, après l'écoute de ce ras de marrée névrotique, précipitez vous sur le dernier Madonna pour voir que le rien est encore plus tragique... Vous écraserez le trop plein de sucre avarié et vous rempilerez pour une deuxième dose de "Third".

Portishead : The Rip

Aucun commentaire: